Pourquoi parler de vertus ?
A quoi bon vouloir les enseigner alors que celles-ci ne s’apprennent pas dans les livres mais en les pratiquants?
Comme l’a très justement écrit André Comte-Sponville dans son livre « Petit traité des grandes vertus »:
« Pour essayer de comprendre ce que nous devrions faire, ou être, ou vivre, et mesurer, par là, au moins intellectuellement, le chemin qui nous en sépare. Tâche modeste, tâche insuffisante, mais tâche nécessaire. »
Alors même si la tâche s’avère insuffisante, je vous propose dans cet article d’y apporter, ma contribution, tel le colibri qui fait sa part de travail.
Dans un monde de plus en plus perturbé et menaçant, comment garder son équilibre quand on est journellement assaillis d’informations qui nous dépeignent l’ampleur des problèmes qui se posent à nous et à notre planète !Cette prise de conscience peut en désespérer plus d’un, et en encourager d’autres à agir, à répondre aux défis auxquels nous sommes confrontés. Le constat est nécessaire, mais il faut qu’il débouche sur des moyens de s’investir, d’apporter son aide au quotidien ! Alors pourquoi devrions nous parler de vertus ?
Si s’engager dans l’action extérieure semble parfois difficile, hors de notre portée immédiate, il existe un moyen toujours accessible : l’action sur nous-même.
Comment créer ce changement intérieur ?
S’engager sur le chemin du changement avec comme support l’usage des vertus peut être une première piste de réflexion.
Pour poser le décor, interrogeons-nous déjà sur la notion de vertus.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Pourquoi s’engager et parler de vertus dans le management ?
- Sommes-nous égaux devant elles ?
- Quelles sont –elles ?
- Qu’est-ce que c’est ?
Une vertu est une valeur morale incarnée. Elle va au-delà de la valeur morale en ce sens qu’elle en est le support à la mise en acte.
Illustration : En incarnant la valeur justice nous ne sommes pas simplement là pour la revendiquer, nous nous engageons à la faire vivre dans l’ensemble de nos fait et geste, nos actions, nos décisions, nos choix…
La vertu est une force, une énergie qui agit avec sagesse.
Elle peut s’apparenter aux fondations d’une construction. Elle donne davantage de profondeur et de sens à chacun de nos actes.
Sans qu’elle soit visible, elle donne à cette dernière la possibilité d’être équilibrée et de mieux résister aux attaques extérieures.
La pratique de l’acte vertueux nous fait entrer dans la profondeur de notre être, dans notre cœur. Et c’est précisément parce qu’elle nous fait revenir dans notre profondeur que le charisme s’installe.
« Le charisme c’est de sentir que la personne est centré et libre dans son cœur et son sternum. Ça se sent comme un wifi, ensuite les yeux sont des émetteurs et cela se voit » (Flavien Bernard)
Lorsqu’une personne incarne une vertu, elle n’a aucunement besoin de la revendiquer parce que « de facto » les autres la reconnaissent en elle.
Pour en connaître le goût, il faut en faire l’expérience. Aussi longtemps que nous ne l’avons pas expérimentée, nous ne faisons que vivre dans nos pensées et le vécu des autres.
Pourquoi s’engager et parler de vertus dans le management ?
Parce qu’en fixant notre intention et notre attention à vouloir développer une vertu, nous nous donnons une impulsion et stimulation à travailler sur nous-même. Nous nous dotons d’une ligne de conduite, d’un objectif « apparemment » clair et simple à atteindre.
« Je veux cultiver l’authenticité en moi »
« Je veux développer mon courage ».
Et ces intention sont nécessaires dans l’acte managériale.
Sommes-nous tous égaux devant-elles ?
Nous ne portons pas tous les mêmes, parce que biologiquement nous ne sommes pas tous identiques. Nous naissons avec un bagage psychologique qui porte déjà l’empreinte de notre tempérament inné.
Derrière chaque tempérament réside un potentiel vertueux. Je dis bien potentiel, parce qu’ensuite l’œuvre d’une vie est de le faire fructifier par le développement du caractère.
Ainsi peut-on dire que le tempérament est inné, alors que le caractère est la part de notre personnalité acquise.
L’acte vertueux est une question de caractère ! Si nous le décidons nous avons tous les compétences et capacité à devenir « Vertueux ».
Simplement nous ne porterons pas tous les mêmes, et c’est ce qui fait la magie de la vie.
Quelles sont-elles ?
Elles sont multiples, avec des formes et des aspects différents et des puissances différentes.
C’est la raison pour laquelle les philosophes, les théologiens, les intellectuels de tous ordres ont cherché à les hiérarchiser.
IVe siècle avant J-C, Platon distingue déjà quatre vertus cardinales (du latin « cardo » qui signifie charnière ou pivot) car elles sont les vertus charnières, dont découlent toutes les autres : prudence, tempérance, justice, et courage.
Elles sont alors également complétées par trois vertus dites « théologales » (foi, charité et espérance) pour former les sept vertus chrétiennes.
Plus récemment notre contemporain Alexandre Diainie-Havard ajoute l’humilité et la magnanimité, ou grandeur d’âme, en disant :
« On peut et l’on doit baser ses actions sur la prudence, le courage, la maîtrise de soi et la justice. Mais l’on ne peut fonder son existence que sur la magnanimité et l’humilité, sur l’idéal de la grandeur et l’idéal du service : sur l’idéal du leadership »
Ce sont deux dernières vertus que sont l’humilité et la grandeur d’âme sont inséparables, car elles s’équilibrent entre elles. Je développerai dans un prochain article ce que sont ces deux vertus.
RÉFÉRENCES :
Je fais ma part ! » Légende du colibri par Pierre Rahbi « Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »
Tempérament inné : Le tempérament est l’expression de la typologie de notre énergie constitutionnelle. La connaissance de son tempérament permet de connaître l’alimentation, l’hygiène de vie et les soins les plus appropriés pour se maintenir en bonne santé physique, mentale et pour la longévité.
Le tempérament est la composante innée de la personnalité. La personnalité a donc un aspect biologique. Ainsi, à la naissance nous ne sommes pas une « cire vierge » et possédons déjà des caractéristiques liées à la personnalité. Le caractère est la part de notre personnalité sensible aux influences éducatives.